Delon, le combat d'un père Photo Jonathan Rebboah / Wostok Press / MaxPPP L’acteur s’est battu en justice pour obtenir la garde de son fils Alain-Fabien qui souhaitait le rejoindre. Un entretien avec Catherine Schwaab - Paris Match
Paris Match. Vous semblez aujourd’hui redécouvrir votre fils. Comme si votre fille, Anouchka, vous avait mobilisé tout entier jusqu’ici. Alain Delon. Vous connaissez les rapports d’un père avec sa fille ! J’ai eu ma fille à 55 ans. Enfin une fille ! Anouchka était mon miracle ! D’ailleurs, sa mère m’avertissait que notre fils pourrait en souffrir.
Alain-Fabien affiche pourtant une grande confiance en lui. Il est même moins timide que sa sœur… Oui. Il est plus mature, plus sûr de lui. “Nouch” est plus introvertie, plus timide, c’est une inquiète.
Là, elle va jouer une pièce de théâtre avec papa… Pensez-vous qu’elle ait pu être embarrassée par votre surinvestissement sur elle ? Non, elle a choisi son destin, sa carrière. Je l’ai un peu poussée, d’accord, je l’ai emmenée au Festival de Cannes, à Deauville… Elle est maintenant plus à l’aise, elle commence à se sentir bien dans sa peau. Et elle vit avec un garçon qui a choisi le même domaine. Elle veut faire le métier de son père mais avec cette réserve, cette pudeur qui la caractérise. D’ailleurs, elle répète, comme pour se rassurer, “si la pièce ne marche pas je ferai autre chose”.
Votre fils est plus déterminé quant à son avenir, lui ! Certes ! Il a envie de se servir de sa carrière pour faire des affaires ! Rentabiliser sa célébrité ! Moi je n’y pensais pas. Avec lui, je m’attends à tout. Il est tellement brillant !
N’avez-vous pas été un peu dur avec lui, parfois ? Sûrement. On ne se comprenait pas. Je pique des colères folles et je l’ai vu avoir peur, il craignait que j’aille plus loin, alors que je ne l’ai jamais touché. Bon, je sais ce que ça donne quand je commence à gueuler, je suis acteur. Mais quand je pète les plombs, Alain-Fabien pense que ça va être dramatique, que je vais le casser en deux… Aujourd’hui, il mesure 1,84 mètre, j’aurais de la peine ! Alors je me tempère !
On a parlé de ses problèmes de drogue dans les journaux à cause d’une interview de sa mère dans un magazine hollandais… On n’est pas responsable des interviews de sa mère…
Vous avez été surpris d’apprendre qu’il fumait des joints ? Oui ! De mon temps, on ne connaissait pas la drogue.
Vous avez dû “péter les plombs”… Non ! Je lui ai fait la morale. Je lui ai expliqué les dangers. Il a, je crois, très bien compris…
Et vous avez demandé et obtenu la garde de votre fils pour reprendre les choses en main ? C’est lui qui a souhaité vivre avec son père. Je trouvais que, quand mes enfants étaient petits, il était important qu’ils habitent avec leur mère car j’étais souvent en tournage. Aujourd’hui, il veut vivre avec moi. Et ça n’a pas dérangé sa mère qui voulait vivre sa nouvelle vie.
On a appris qu’après son divorce d’avec Alain Afflelou, elle s’était remariée cet été avec Roberto Agostinelli, un banquier. Qu’est-ce que cela vous inspire ? On est séparés depuis dix ans, elle peut se remarier tant qu’elle veut. Ce qui m’a gêné, c’est qu’elle s’est mariée sans le dire à ses enfants. Cela m’a choqué, et mes enfants aussi.
Elle avait pourtant un rapport très proche avec ses enfants… Oui. Un matin, Alain-Fabien l’informe qu’Afflelou s’est remarié. Réponse du tac au tac : “Oui, je sais, moi aussi !” C’est comme ça qu’ils l’ont appris !
Vous avez souhaité envoyer votre fils en pension en Suisse pour qu’il prenne de la distance par rapport à tout cela ? Il avait besoin d’un internat comme Le Rosey pour être cadré, entouré. Je voulais aussi l’arracher à Paris qui est une place négative pour lui, le couper de certaines fréquentations, de ce qui se passe à la sortie des lycées…
Pourquoi en Suisse ? Sa mère voulait l’envoyer dans une école “post-addiction” dans le Colorado, à Aspen. J’ai dit : “Pas question, c’est trop loin.” La Suisse c’est à côté, facile d’accès, et on y trouve plusieurs des meilleures écoles au monde. J’ai eu peur qu’il ne soit pas accepté car, avec son passé scolaire, ses résultats, ça n’était pas gagné. Je suis allé voir les directeurs deux semaines avant la rentrée, alors qu’on doit s’inscrire trois ou quatre mois avant. On a attendu, espéré un désistement ; il y a 50 nationalités au Rosey. Coup de chance, il y en a eu un. Alain-Fabien a été accepté in extremis. Et ça n’était pas un piston, Alain Delon, ils s’en foutent. J’avais d’ailleurs approché une autre école près de Lausanne.
Retrouvez la suite de notre grande interview avec Alain Delon dans Paris Match numéro 3203 et sur notre édition iPad.